« Je suis prêt à assumer d’aller à l’Elysée »

L’interview de José Bové à Libération
Publié le jeudi  15 juin 2006
Mis à jour le dimanche  12 novembre 2006
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José Bové assure être le plus apte à rassembler la gauche de la gauche, en lieu et place de Besancenot et Buffet, et esquisse son programme.

L’article de « Libération » en pdf.

« Je suis prêt à assumer d’aller à l’Élysee »

Par Matthieu ECOIFFIER et Pascal VIROT
mercredi 14 juin 2006

Dans un entretien accordé à Libération, le leader paysan José Bové explique pourquoi il se considère comme le mieux placé pour mener la campagne présidentielle de 2007 au nom de la gauche de la gauche.

Vous êtes donc candidat à l’Elysée ?

Je suis candidat à rassembler, à la gauche du PS, une gauche antilibérale, écologique, antiproductiviste et altermondialiste. Et je suis prêt à assumer la responsabilité d’aller à l’Elysée. Mais je m’inscris dans une démarche collective. Elle fait suite à la dynamique créée par la campagne qui a amené au vote du 29 mai 2005. Il est clair que la candidature socialiste émerge de la droite du PS et ouvre un espace pour une candidature antilibérale à la gauche du PS.

Pourquoi estimez-vous être mieux placé qu’Olivier Besancenot ou Marie-George Buffet pour porter cette candidature ?

Aujourd’hui, dans le cadre d’un front large, il y a des partis politiques, des associations, des mouvements, des syndicalistes. Ces gens-là, y compris une majorité de l’électorat vert, sont prêts à enclencher cette dynamique. A l’intérieur de ce groupe, il existe une rivalité entre le PCF et la LCR. Chacun pense qu’il est le mieux placé pour prendre le leadership. Mais aucun des chefs d’une de ces deux organisations n’est en capacité de rassembler tout l’éventail de ce front. Pour dépasser cette rivalité, je suis prêt à être candidat. Si cette décision est collective et portée par tous, j’irai jusqu’au bout.

La dynamique autour de Ségolène Royal renforce-t-elle votre détermination ?

Avec Ségolène Royal, c’est une droite du PS qui est représentée. On est clairement dans l’accompagnement du modèle économique libéral.

Quel sont les axes de votre programme ?

A partir du travail accompli dans le cadre des collectifs du 29 mai, avec les organisations syndicales, les mouvements sociaux, on veut rassembler l’ensemble des préoccupations des citoyens en matière de sécurité de l’emploi, de lutte contre la flexibilité, de garantie de minima sociaux. Il faut légiférer pour taxer les entreprises qui délocalisent ou qui engrangent de forts bénéfices en licenciant leurs salariés.

Comment lutter contre le chômage de masse ?

Si on prend le domaine de l’énergie et la problématique du renchérissement du pétrole, l’exemple allemand démontre que la création d’emplois passe par les énergies alternatives, les économies d’énergie. Les chantiers d’amélioration de l’habitat sont créateurs de milliers d’emplois pérennes, comme les projets alternatifs à l’EPR. Aujourd’hui, on nous parle du développement des entreprises de service par la conquête de marchés extérieurs. Mais ce n’est pas parce qu’elles créent artificiellement de la plus-value qu’elles créent des emplois à la clé.

Faut-il poursuivre la réduction du temps de travail ?

Oui. J’avais été partisan, à l’époque, des 32 heures qui auraient permis de créer plus d’emplois que les 35 heures. Aujourd’hui, on nous dit : il faut que les gens travaillent plus ! Or la productivité du travail n’a jamais été aussi importante. Mais la réalité c’est qu’elle ne profite pas à tout le monde, notamment aux salariés.

Ségolène Royal a expliqué que les 35 heures et le gel des salaires avaient pénalisé les classes populaires. Comment comptez-vous relever le pouvoir d’achat ?

Il faut remonter le Smic, et pas dans un délai de cinq ans comme le propose le PS. Et faire en sorte que la flexibilité ne soit pas la conséquence des 35 heures.

Partagez-vous les propositions de Ségolène Royal sur la sécurité ?

Aujourd’hui, il y a d’abord une faillite du système républicain. On voit dans les banlieues un racisme et une exclusion insupportables. La première insécurité, c’est une société qui fabrique de la pauvreté et des exclus. Dans les banlieues, on a des ghettos avec des taux de chômage des jeunes de 30 % voire 40 %.

Cette délinquance, ce sont souvent les classes populaires qui en payent le prix…

Traiter la délinquance comme une cause et non une conséquence, avec des mesures militaro-sécuritaires, me paraît dangereux. Cela donne l’impression qu’on est dans une situation de guerre civile. C’est une propagande que l’on voit fleurir depuis une quinzaine d’années, chez Le Pen d’abord, puis chez Sarkozy et aujourd’hui chez tous ceux qui essaient de cristalliser le débat sur ces questions pour éviter de parler des vrais problèmes.

Il n’y a pas eu de « plan B ». Que proposez-vous pour relancer la construction européenne ?

La France, qui va présider l’Union européenne en 2008, devra proposer que les parlementaires européens élus en 2009 se réunissent en Assemblée constituante. La majorité qui a voté non au référendum n’est pas eurosceptique ou antieuropéenne.

Quel score espérez-vous en 2007 ?

La dynamique unitaire devrait placer cette candidature dans le carré de tête au premier tour.

Vous désisterez-vous pour un candidat de gauche ayant voté oui le 29 mai 2005 ?

La décision se prendra en fonction des engagements pris par ce candidat. Ce désistement devra être réciproque si j’arrive en tête à gauche au premier tour.

© Libération


L’article sur le site de Libération

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