Laver l’humiliation

par Thomas Coutrot
Publié le lundi  20 novembre 2006
Mis à jour le mercredi  22 novembre 2006
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Nous avions publié ce texte de Thomas Coutrot, membre du Conseil scientifique d’Attac.
Après l’avoir enlevé 24 h nous le remettons en ligne dans la version autorisée par son auteur.

L’administrateur du site.

Notre association est blessée, humiliée, discréditée. Qui de nous, depuis juin dernier, n’a pas entendu des ricanements ou ressenti un sentiment de honte au moment d’intervenir en public en tant que militant d’Attac ? Qui ne voit que notre parole collective a perdu sa force, que notre influence s’est affaissée suite à la fraude électorale ?

Autour de nous on hoche la tête avec commisération ou sarcasme : Attac, qui prétendait faire de la politique autrement, s’est enfoncée dans des « combats de chefs » et des « luttes de clans ». « Qui veut faire l’ange fait la bête », répètent des bonnes âmes qui n’ont jamais digéré l’influence que nous avions acquise dans le débat public.

Pourtant le mouvement social a plus que jamais besoin d’Attac, cet outil unique de convergence, de réflexion et d’action contre le néolibéralisme.

Mais rien n’est perdu. Nous avons su collectivement réagir, commanditer des expertises indépendantes, contraindre les bénéficiaires de la fraude, qui s’étaient arrogé tous les postes de direction après l’AG de Rennes, à accepter une commission d’enquête, qui a pu établir les preuves de la fraude. Le tout de façon publique et transparente.

Cette réaction collective montre la vitalité intacte de notre association. La justice va être saisie, mais seuls les adhérents peuvent maintenant restaurer la fierté et le crédit d’Attac. A deux conditions : à l’intérieur, mener cette douloureuse épreuve de vérité jusqu’au bout ; vers l’extérieur, retrouver une dynamique d’élaboration et d’action.

Sur ces deux aspects, tout se joue lors de l’élection en cours pour le CA ..

Mener jusqu’au bout l’épreuve de vérité : plus personne, hormis leur garde rapprochée, ne peut nier que B. Cassen et J. Nikonoff portent, au minimum, la [responsabilité politique et morale de la fraude [1].

Chaque voix qui se portera sur l’un des candidats de leur groupe politique (les signataires du texte « Avenir d’Attac- pour une Attac de seconde génération »), sera un coup porté contre Attac et ses valeurs. Ces candidats, après avoir été élus par la fraude et avoir tenté pendant trois mois de la nier avec la dernière énergie, osent se représenter devant les adhérents d’Attac en accusant leurs adversaires d’avoir « instrumentalisé la fraude comme argument électoral » !

Comme l’a écrit René Passet, face à la fourberie, « on ne transige pas, on balaie ». L’élection d’un seul de ces candidats factieux serait un signe de décomposition morale de notre association.

Deux autres groupes de candidats, qui n’ont quant à eux rien à voir avec les fraudeurs, donnent une lecture erronée, sinon malhonnête, de la crise d’Attac. Le texte « Sursaut » l’attribue à des « combats de pouvoir » et à des « rivalités » ; le texte « Un projet authentiquement émancipateur » à des « luttes de clans ».

Pour ces candidats, les adhérents et les fondateurs qui, avec Susan George et d’autres, se sont opposés de longue date à l’instrumentalisation d’Attac par le clan Cassen-Nikonoff, constituent un autre clan tout aussi avide de pouvoir. A leurs yeux la fraude est regrettable mais anecdotique et ne disqualifie pas plus particulièrement un « clan » que l’autre. Si l’on croit à cette vision, comment alors imaginer pouvoir redresser une Attac aussi gangrenée par le clanisme !

D’autre part, en proposant d’évincer les fondateurs du Conseil d’administration (pour le texte « Sursaut »), ou en ne prenant prudemment pas de position sur cette question centrale dans les débats d’Attac (« Un projet authentiquement émancipateur »), ils soutiennent ou légitiment la thèse, inventée de toutes pièces par B. Cassen, du rôle néfaste des fondateurs soit-disant « jaloux du succès d’Attac ». Ces candidats renvoient dos à dos Jacques Nikonoff et Susan George, le cynisme despotique et la résistance démocratique. Pour rassembler des suffrages, ils posent maintenant à la troisième voie, au dessus des « clans » et des « camps ». Cette posture est politiquement et moralement inacceptable.

Les candidats signataires du texte « Attac : altermondialiste et démocratique » ont, avec la majorité des fondateurs, fait échec à l’instrumentalisation d’Attac par le groupe factieux. Ils proposent des priorités d’élaboration et d’action qui permettront de remettre Attac en marche. Ils constitueront un CA pluraliste, convivial, collégial, ouvert, rajeuni, féminisé. Ils constituent véritablement l’avenir d’Attac. Voter pour eux, c’est laver l’humiliation qui a frappé Attac.


[1Cf mon texte de début septembre « Pourquoi je persiste et signe », rédigé avant même la conclusion de la commission d’enquête Passet-Albala qui a établi la preuve de la fraude au profit de la présidence sortante (http://hussonet.free.fr/tcp&s.pdf) .. Cf aussi les témoignages manifestement accablants recueillis (mais non encore publiés) par A. Lecourieux.


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