APRES LE RAPPORT DU GIEC : IL FAUT AGIR, ET VITE

Publié le vendredi  2 février 2007
Mis à jour le dimanche  4 février 2007
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Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) a été mis
en place en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Le rôle du GIEC est « d’expertiser l’information scientifique, technique et
socio-économique qui concerne le risque de changement climatique
provoqué par l’homme ».

C’est un organisme qui analyse et synthétise des travaux de recherche
menés dans les laboratoires du monde entier. Avant d’être publiés et
déclarés « documents du GIEC », les rapports d’évaluation sont
explicitement approuvés en assemblée plénière. Le premier rapport
d’importance date de 1990, un deuxième rapport détaillé a été remis en
1995 et un troisième en 2001. Le rapport actuellement publié traite des
éléments scientifiques de l’évolution du climat. Il sera suivi en
novembre d’un rapport sur les mesures nécessaires d’adaptation. Il
aboutit aux conclusions suivantes :

  • la concentration de l’atmosphère en CO2 est nettement plus élevée
    qu’elle ne l’a été sur les 400 000 dernières années ;
  • ce phénomène va entraîner un changement climatique dont l’une des
    caractéristiques sera une augmentation de la température moyenne de la planète au niveau du sol ;
  • ce réchauffement est largement de nature anthropique (dû à l’activité
    humaine). Le présent rapport confirme les résultats obtenus jusqu’ici et
    précise l’amplitude du réchauffement, qui devrait se situer entre 1,8°C
    et 4°C. Or c’est à partir d’un réchauffement supérieur à 2°C que les
    risques d’emballement climatique non maîtrisés peuvent survenir.

Quels enseignements peut-on tirer de ce nouveau rapport ?

  • Il y a une prise de conscience certaine du risque climatique pour
    l’ensemble de la planète. Mais ce risque n’est pas une menace anonyme
    qui pèse indifféremment sur toute l’humanité. Dû en grande partie à
    l’action humaine, il met en jeu des rapports de force, des intérêts
    socio-économiques, des responsabilités. La globalité du risque n’efface
    pas l’existence d’intérêts très particuliers et une exposition
    différente aux risques : ce sont les plus démunis, en particulier dans
    les pays du Sud, qui se trouvent les plus exposés. L’ONU estime à 50
    millions le nombre de réfugiés climatiques d’ici 2010.
  • Les travaux du GIEC contribuent à cette prise de conscience, tout comme le rapport de l’ancien économiste de la Banque mondiale, N. Stern.
    Toutefois, ces rapports peuvent être l’objet d’une instrumentalisation
    visant à repousser encore les choix nécessaires pour parer réellement au risque climatique. En France, les 2 et 3 février, dans la continuité
    immédiate de la réunion du GIEC à Paris, est organisée une Conférence
    internationale sur l’environnement. Il est probable que cette initiative
    va servir à mettre en avant les projets nucléaires de la France et de la
    Commission européenne. Le développement de l’énergie nucléaire ne fait pourtant pas partie du mécanisme du développement propre prévu dans le cadre du Protocole de Kyoto. Par ailleurs, les ressources en uranium sont également limitées, elles sont estimées à 60 ans. De plus, bien que les centrales nucléaires n’émettent pas de gaz à effet de serre, le recours au tout-nucléaire pour lutter contre les changements climatiques est une option chère et dangereuse, et surtout inefficace, sans même parler du problème des déchets nucléaires non résolu à ce jour. Selon un scénario développé par l’association d’experts Global Chance (http://www.mediaterre.org/france/actu,20060629170924.html), si l’on multipliait par trois le parc nucléaire actuel d’ici 2030, seules 9 %
    des émissions seraient évitées. Or, pour limiter le réchauffement
    planétaire à 2°C, l’Union européenne doit diviser par 4 ses émissions
    d’ici 2050.
  • La proposition de Jacques Chirac de création d’une Organisation
    mondiale de l’environnement (OME), dotée de moyens supérieurs à ceux
    existant actuellement, devrait s’accompagner d’une réforme en profondeur de l’OMC, à l’initiative de l’ONU : tant que l’environnement sera traité avec « les services environnementaux » dans le cadre l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), c’est-à-dire de la libéralisation des services, une OME aurait le même effet sur l’environnement que l’OMS pour l’accès aux médicaments. Plus généralement, les mécanismes de marché des droits à polluer mis en place par le protocole de Kyoto ne permettent guère de réduire les émissions de gaz carbonique (une taxe globale sur le carbone serait indispensable). Cette écologie de marché aggrave les inégalités entre le Nord et le Sud pour le plus grand bénéfice des multinationales.
  • Les priorités actuelles sont fondées sur les capacités d’offre
    d’énergie produite par les compagnies énergétiques et sur la régulation
    par le marché, couplées à l’espoir de solutions technologiques. Il
    s’agit pour Attac de contester ces choix qui conduisent à l’impasse. Il
    est nécessaire d’engager un débat public concernant les choix
    énergétiques, en France et au niveau de l’Union européenne. Les
    décideurs ne peuvent plus être quasi exclusivement les producteurs
    d’énergie. Ces choix ne sont pas seulement techniques, ils engagent le
    type de société que nous souhaitons, les priorités que nous proposons de
    mettre en œuvre, les solidarités que nous voulons construire et la
    viabilité de la planète. Ils engagent également l’organisation du
    secteur de l’énergie : part de la production centralisée et
    décentralisée, articulation entre secteur public et production locale
    d’énergie. Ils passent par la mise en œuvre d’une sobriété énergétique,
    notamment dans les pays du Nord surconsommateurs d’énergie et principaux
    pollueurs. Ils passent aussi par une renégociation du Protocole de Kyoto
    incluant la responsabilité particulière des pays riches vis-à-vis des
    pays du Sud.

Le réchauffement climatique n’est qu’un aspect d’une crise écologique
globale qui se manifeste notamment par l’épuisement des ressources non
renouvelables, l’accumulation de déchets toxiques, les menaces de
pandémies, la pollution des nappes phréatiques, la réduction de la
diversité biologique, l’explosion des transports de marchandises. Cette
crise, produite par un mode de développement productiviste, a été
aggravée ces dernières années par les politiques néolibérales qui ont
accéléré la dégradation de l’écosystème. C’est avec cette logique qu’il
faut rompre si l’on veut réellement répondre à l’urgence de la situation.

Attac France,

Montreuil, le 2 février 2007

L’intégralité du rapport à télécharger : http://www.effet-de-serre.gouv.fr/fr/etudes/giec.htm


http://www.france.attac.org/a6875

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