Plus la manipulation est grosse, plus elle a de chances de paraître innocente !

de Daniel COJEAN (vu sur Bellaciao.org)
Publié le vendredi  24 mars 2006

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Le vocabulaire utilisé pour expliciter les abréviations CNE (contrat nouvel embauche) et CPE (contrat premier emploi) ne manque pas de prétentions pédagogiques pour tenter d’inhiber la conscience collective. Il s’avère donc nécessaire de procéder au décorticage de cette sémantique officielle. Plus la manipulation est grosse, plus elle a de chances de paraître innocente !

Les PME s’horrifient devant la multitude de contrats de travail existants, le MEDEF ne cesse de réclamer encore plus de liberté de licenciement. A leur corps défendant, ils sont relayés par des personnalités médiatiques qui ne cessent de s’émouvoir sur l’avenir du code du travail, mais tous se liguent pour susurrer à l’opinion publique ; que la solution c’est l’instauration d’un contrat unique - le CEI -.

Le CNE (Contre de Nouveaux Emplois) + le CPE (Cumul Précaire d’Emplois) + les CDD-vieux (Cycle Double Durée), etc., ces dispositifs sont autant d’incidents qui incitent à en finir avec l’actuel CDI (Contrat à Durée Indéterminée). La multitude des contrats fragilisent le CDI et accréditent l’idée qu’il faille détricoter le code du travail pour le rendre plus lisible. C’est la tactique de l’encerclement, du filet tendu, qui une fois hors de l’eau retiendra dans ses mailles un seul contrat unique regroupant la totalité de l’arsenal de précarisation de l’emploi, - le CEI -.

Qu’est-ce que c’est le CEI (Contrat Emploi Indifférencié) ?

Il serait indifférencié à tous les salariés du public et du privé. Aucune durée n’est mentionnée, elle serait donc à géométrie variable et ajustable aux besoins du marché. Sa reconduction serait assujettie à un motif obligatoire et la résiliation du contrat serait acquise par tacite expiration.

Aussi, les principes énoncés ci-dessus supposent la refonte globale des règles du code du travail. Il est à craindre que l’ossature juridique actuelle qui s’appuie sur le CDI, vole en éclat.

Les entreprises publiques jouissant du droit privé pour leurs activités industriels et commerciales, les statuts et conventions collectives, seront affectées par cette concurrence entre le CDI et le CEI. Ce sera la mise à plat du code du travail, son nivellement par le moins disant social comme socle commun à l’embauche.

A l’instar du CPE, la couverture sociale du CEI serait limitée et financée par les deniers publics. Les cotisations patronales affectées aux seuls CDI exonéreraient les employeurs de leurs responsabilités sociales et les inciteraient à préférer le CEI au CDI.

De ce fait, les charges sociales seront transférer progressivement sur le budget de l’état et sur la part salariale des cotisations. Comment dans ces conditions, le pouvoir ose s’étonner du déséquilibre financier de la sécurité sociale, s’indigner de l’endettement croissant du budget de l’état ?

Plus la manipulation est grosse, plus elle a de chances de paraître innocente !

Public-privé, nous sommes tous concerné par ce qui se prépare en coulisse

Les contrats actuels CNE, CPE, CDD-vieux concernent plusieurs millions de salariés. Ne pas réagir sur ces questions, c’est, ni plus ni moins, du suicide collectif. Se battre aujourd’hui, c’est se prémunir pour l’avenir. Il faut absolument bloquer se processus en jetant aux oubliettes tous ces contrats précaires ; tel le CPE pour les moins de 26 ans, tel le CNE pour 5 millions de salariés déjà concernés par les entreprises de moins de 20 salariés ; tel les CDD pour vieux.

La situation des anciens devient très préoccupante. Déjà dans le secteur privé 2 salariés âgés sur 3 n’atteignent pas l’âge de la retraite en tant qu’actif. Les plans dits ‘‘sociaux’’ constituent les motifs récurrents de la rupture de leur CDI. Ensuite, liberté est alors donnée aux employeurs de les réembaucher à partir de 57 ans en contrats CDD de 18 mois. En contrepartie d’avantages pour les entreprises, ce sera pour elles la certitude de disposer d’une main d’ ?uvre bon marché. En effet, les allocations ASSEDIC de la catégorie D pour les chômeurs âgés sont désormais supprimées à partir de 57 ans.

Ainsi démunies de ressources pour survivre, ils sont exposés au moins disant social et ne disposent comme mode d’échange de leur force de travail, que la séduction offerte par la précarité de CDD-vieux. De ce fait ils se retrouvent en concurrence avec les jeunes en recherche d’un premier emploi. Ceci ne créera aucun emploi, au contraire ces mesures en restreindront l’accès.

Comparables à de Vils Pins, les mesures actuelles et à venir de ce gouvernement nous préparent une société décadente qu’il nous faut combattre avec hargne.

Nous n’avons pas d’autre choix que leurs rejets, pour nous, pour nos anciens, pour nos enfants. Le nombrilisme n’a de miroir que ce que le genre humain n’a de civilisation. Tout autre considération conduit droit dans le mur des émeutes et autres attitudes sociétales, où le tous contre tous, deviendrait la règle de vie collective. Le CEI (Cumul Emploi Insécuritaire) d’inspiration patronale et non divulgué officiellement est dans les tiroirs. Nous devons nous en prémunir avant même que le premier ministre ose en élucider la création. Ce contrat unique, les experts libéraux de l’OCDE le recommande expressément. Il doit rester au placard. Cela ne se fera pas tout seul.

Il serait illusoire de reporter à l’élection présidentielle ce que l’on peut réaliser ensemble aujourd’hui.

Le samedi 18 Mars partout en France de grandes manifestations vont se dérouler. C’est dans l’adversité que se révèle l’ambition collective. C’est aussi grâce à ces moments historiques que le peuple puise l’énergie nécessaire à sa transformation sociale, à son émancipation. Ce sera l’occasion d’en profiter pour conquérir de nouvelles conquêtes sociales, la possibilité d’exiger la création d’un statut du salarié garantissant à tous(tes) une sécurité sociale professionnelle.

Ce sera aussi la possibilité de revendiquer une hausse significative des salaires et de créer par ricochet une augmentation de l’offre d’emploi liée à la consommation des ménages. Ce 18 mars sera l’occasion de réaffirmer tous ensemble notre capacité à lutter, de tracer le chemin du rassemblement indéfectible jusqu’à ce que victoire s’en suive.

De : Daniel COJEAN


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