Une taxe sur les transactions financières (TTF) à l’échelle européenne : virage idéologique ou manœuvre de diversion ?

Publié le jeudi  7 juillet 2011

par  Faugeron Daniel
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La Commission Européenne a publié son budget prévisionnel pour les années 2014 à 2020. Avec une surprise de taille : ce budget inclut les recettes d’une taxe européenne sur les transactions financières. Un virage à 180° pour la Commission, qui y était jusque-là totalement défavorable !

JPEG - 11.7 ko La taxe envisagée s’appliquerait à toutes les transactions, à un taux de 0,1 % pour les transactions au comptant, et de 0,01% pour les produits dérivés. Algirdas Semeta, le commissaire européen chargé de la fiscalité, table sur une recette de 54 milliards d’euros qui alimentera le budget de l’UE et freinera la spéculation.

Il s’agit là d’une victoire politique pour Attac qui défend le principe d’une telle taxe depuis plus de 10 ans. Il suffit néanmoins de regarder de plus près les propositions de la Commission pour constater que le compte n’y est pas.

Tout d’abord, la Commission n’envisage pas de mise en œuvre avant 2018. Un tel délai est totalement injustifiable. Ne s’agit-il pas d’un pur effet d’annonce à un moment où les résistances sociales se multiplient en Europe contre les plans d’hyper-austérité ? Alors que l’UE impose dès maintenant la plus stricte austérité budgétaire — faisant payer aux populations les coûts d’une crise provoquée par les marchés financiers — comment prendre au sérieux cette volonté proclamée de s’attaquer à la finance… d’ici à 7 ans ?

Par ailleurs, alors cette taxe devrait selon nous financer les biens publics mondiaux (santé, éducation, stabilité climatique…), la Commission destine au contraire ces sommes à la réduction des contributions des États membres. Le budget européen restera plafonné à 1% du PIB de l’Union, loin du niveau qui permettrait de construire de vraies solidarités européennes.

Attac continuera de soutenir le principe d’une TTF dans la perspective d’une régulation stricte et immédiate des marchés et de l’activité spéculative. Ce sont les spéculateurs et non les peuples qui doivent payer les coûts de la crise ! Dans l’immédiat cela suppose de mettre en œuvre en Europe des audits démocratiques des dettes publiques, suivis d’une annulation des dettes illégitimes. Il faudra imposer à terme la mise sous contrôle social du système bancaire et une redéfinition du rôle de la BCE.

Ces mesures sont indispensables au plan européen et/ou national pour sortir de la crise qui frappe l’Europe. Plus que jamais, les mobilisations en Grèce et en Espagne, et dans toute l’Europe contre les plans d’austérité, expriment la volonté des peuples européens de rompre radicalement avec les politiques menées par les gouvernements européens, l’UE et les institutions financières internationales.

Attac France,
Paris, le 6 juillet 2011

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