Grèce : pourquoi ce silence ?

Raoul Marc JENNAR
Publié le jeudi  22 juin 2006
Mis à jour le lundi  9 octobre 2006
popularité : 4%

vendredi 16 juin 2006

Rien ne s’écrit, rien ne se dit, rien ne se montre sur ce qui se passe en Grèce depuis cinq semaines. Les journaux, les stations de radio, les chaînes de télévision nous privent du droit à une information majeure : depuis cinq semaines, 354 départements académiques sont occupés ; des milliers d’étudiants manifestent régulièrement ; la manière dont la police a réprimé la manifestation du 8 juin rappelle à bien des égards les heures noires de la dictature des colonels (une personne dans le coma).

Dans un pays de l’Union européenne ! Et nous n’en savons rien. Le gouvernement grec, suivant en cela les décisions dérégulatrices prises par nos gouvernements pour être ensuite imposées par l’OMC et par l’Union européenne, va modifier la Constitution rédigée après la chute de la dictature pour permettre la privatisation de l’enseignement universitaire. Il prépare en outre une loi qui va permettre la création d’établissements universitaires privés, qui va imposer les critères de gestion des firmes privées aux facultés d’État, qui va supprimer « l’asile universitaire » soumettant jusqu’ici l’intervention de la police sur les campus à l’accord du Conseil d’administration de l’université, qui va réduire drastiquement la possibilité de repasser les examens. C’est à cela que des dizaines de milliers d’étudiants grecs s’opposent. Dans l’indifférence totale des journalistes et correspondants de presse des autres pays européens.

Le black-out des médias propagandistes de la pensée unique néolibérale vise un but : empêcher qu’on sache dans toute l’Union européenne que la résistance au néolibéralisme existe partout, qu’elle n’est pas une exception française et que le rejet de l’Europe telle qu’elle se construit depuis cinquante ans grâce à l’alliance de la démocratie-chrétienne et de la social-démocratie va grandissant. En Europe, on impose la liberté de circulation des biens, des services et des capitaux, mais on brime la liberté de circulation des informations. Il s’impose d’urgence de manifester notre solidarité avec les étudiants grecs. Il s’impose de dénoncer l’information sélective et orientée des médias privés et publics, tous à la solde des banquiers et des marchands. Combien de temps encore allons-nous supporter ce coup d’État permanent qu’est la construction d’une Europe néolibérale destructrice de nos acquis démocratiques et sociaux ?

Raoul Marc JENNAR
chercheur altermondialiste
urfig chez wanadoo.fr


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