Je suis parmi les 1200 personnes arrêtées par la police allemande dans la région de Rostock durant le G8. Mardi 5 juin 2007 à 15 h 30 : Nous sommes 45 personnes dans un bus ayant quitté vers 15 h. le camp alter mondialiste de Reddelich pour nous rendre près de l’aéroport de Rostock Laage, où a lieu une manifestation. Le bus roulant sur l’autoroute menant de Rostock à Berlin est arrêté par la police. On nous fait descendre un à un pour nous fouiller puis nous placer dans un rectangle formé par les voitures de la police. Nous attendons là environ 2 heures debout sous la pluie, sans pouvoir prendre nos vêtements qui sont dans nos sacs pris par la police et sans savoir ce qui se passe ; parmi nous une maman avec un enfant de 2 ans.
Des camions de police arrivent ; on nous fait monter dans ces camions les mains menottées, je suis seule à ne pas avoir de menottes ; est-ce un oubli ? ou est-ce dû à mon age (65 ans) ; ce camion a une allée centrale sur laquelle donne une quinzaine de portes. Quand on ouvre une de ces portes pour me faire entrer dans la cellule, je résiste en criant « claustrophobe » car l’idée d’être enfermée dans ce petit espace m’est insupportable ; 2 policiers m’obligent brutalement à y rentrer puis la porte est verrouillée derrière moi. Ensuite 3 autres personnes seront enfermées avec moi dans cette petite cellule. Nous restons très longtemps dans ce camion après le trajet effectué jusqu’à Rostock.
Plus tard on nous fait sortir un à un de ces cellules . Nous sommes à nouveau fouillés, photographiés ; on passe de bureau en bureau ; on me demande de signer des papiers que je ne signe pas ; ne comprenant pas l’allemand je ne sais d’ailleurs pas de quoi il retourne. On me remet un imprimé en français et en allemand : « informations importantes concernant les droits des personnes placées en garde à vue », le motif de cette garde à vue étant « pour parer à un danger » et « dans le but d’une poursuite pénale ».
Nous sommes ensuite enfermés dans des cages de 4m. par 4m., entre 5 et 10 par cages. Je partage la mienne avec 5 jeunes détenues de diverses nationalités. Il n’y a rien dans ces cages, nos vêtements sont encore trempés et il fait froid. Nous attendons longtemps avant que l’on nous donne une combinaison de texture papier ; nous nous changeons à la vue de tous ; on nous remet un tout petit matelas en mousse de 2 mm d’épaisseur ; il y a beaucoup de bruit et des lumières très fortes.
Vers minuit on me donne la possibilité de téléphoner d’abord à la famille ; quand je veux téléphoner à l’aide juridique, dont j’ai noté le numéro sur mon bras, on ne me laisse pas faire. À mon retour dans la cage, j’explique ce qui s’est passé et la détenue qui est ensuite appelée arrive à faire le numéro de l’aide juridique, laissant croire que c’est celui de sa famille et à donner nos noms. L’on nous propose ensuite comme repas une banane ou une tranche de pain. Vers 2 h je suis menée encadrée par 2 policiers dans un autre bâtiment pour rencontrer un avocat qui m’explique que cette arrestation est illégale et qu’il va faire en sorte que nous soyons rapidement libérés.
Vers 5 h 30, on commence de libérer les détenus ; je le suis vers 6 h mais l’on me remet un imprimé écrit en allemand sur lequel est indiqué, me fait comprendre la police, que je dois avoir quitté la région de Rostock ce jour à 8 h et ne pas y revenir avant le 9 juin.
Par l’intermédiaire de l’aide juridique, j’ai déposé une plainte et j’ai demandé l’annulation de l’expulsion.
Anne-Marie LOUIS, 4 allée des Coquelicots, 66180 Villeneuve de la Raho (France)
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