La Fondation Copernic et Attac lancent un appel contre la réforme des retraites

Publié le mercredi  7 avril 2010
Mis à jour le samedi  10 avril 2010
par  Faugeron Daniel
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Un appel initié par Attac et la fondation Copernic a été rendu public le 7 avril 2010. Intitulé "Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites" cet appel est signé par des responsables syndicaux, associatifs et politiques ainsi que par de nombreux intellectuels et notamment près de 90 économistes. Cet appel peut être utilisé comme base de création de collectifs unitaires sur les retraites et peut servir de point d’appui àl’organisation de réunions publiques. Il doit permettre que se développe un fort courant d’opinion qui n’accepte pas la régression sociale qui se prépare.
Cet appel est signable en ligne sur http://exigences-citoyennes-retraites.net.

Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites

Le gouvernement français s’apprête àengager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjàcatastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjàfait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %. Elles ont aggravé les inégalités déjàfortes entre les pensions des hommes et des femmes.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.

Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ àla retraite à60 ans en le portant à62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le Medef, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d’activité des retraites du secteur public. Jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite àtaux plein, ces mesures condamneraient àla pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salarié-es les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir àla retraite.

Le gouvernement et le patronat persistent àvouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans, ne vise qu’àbaisser le niveau des pensions.

De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n’y a aucun sens àaugmenter l’âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d’attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération àvenir.

Le danger ne s’arrête pas là. Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points  » ou « par comptes notionnels  ». Dans les deux cas, il s’agirait de ne plus avoir àassurer un taux de remplacement du salaire défini àl’avance et de faire de la variation du niveau des pensions le moyen d’équilibre financier des régimes. Cela aggraverait encore la baisse du niveau des pensions et contraindrait les salariés, particulièrement les salarié-es pauvres et effectuant les travaux pénibles, àtravailler toujours plus longtemps.

La vraie raison des mesures qui s’annoncent n’est pas liée àla démographie. La crise financière a provoqué une récession et donc une flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement àfinancer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les États donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques.

Une alternative àcette régression sociale existe pourtant. A moins de décréter la paupérisation des retraité-es, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés àl’augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire.

Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, àcomparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à8,5 % en 2007. Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible àcondition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C’est ce partage qui constitue le tabou àfaire sauter, et non l’âge de départ. Il s’agit làd’un choix politique de justice et de solidarité.

La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus  » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer àune vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux…) pour stopper cet engrenage.


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